lundi 23 novembre 2009

Un revolver ou un revolving?

Non décidément, il y a des choses auxquelles je ne me ferais jamais!
La semaine dernière j'ai effectué mon entretien annuel d'évaluation avec ma supérieure hiérarchique avec laquelle je m'entends pourtant très bien. Sur l'ensemble de mon travail, elle ne trouvait rien à redire et au contraire me couvrait d'éloges (y a pas à dire ça fait du bien parfois de se sentir reconnue dans ce que l'on fait).
Cependant, dans toute évaluation, le directeur a le devoir de pointer aussi les faiblesses, les points à améliorer. Après quelques minutes d'hésitation Ma responsable reprit la parole:

- La directrice: Et bien, ce n'est pas facile de voir ce qui ne va pas. Mais je dirais que sur le revolving tu as encore des progrès à faire.

- Moi: Je te l'ai dit pourtant plusieurs fois! Je ne veux pas vendre ce truc. Je trouve que ça n'est pas notre métier. On enfonce les gens plutôt que de les aider en leur proposant cette arnaque. Je veux bien vendre tout le reste parce que je trouve ça intéressant pour le client. Mais pas ça!

La directrice, un peu génée: Je comprends, seulement ça je peux pas le mettre sur ta fiche d'évaluation. Je vais juste écrire que tu as certaines faiblesses sur certains produits, par manque de formation...

Evidemment, je n'ai pas pipé parce que finalement je ne m'en sortais pas si mal. Mais au delà de la critique somme toute peu violente, cette remarque me paraissait déplacée, je dirais même hypocrite.
J'ai un bac plus 5, j'ai une assez longue expérience professionnelle dans la banque. Je sais ce qu'est un crédit revolving bon sang! C'est un prêt proche du taux de l'usure sur des lignes de crédit trop importantes pour la capacité de remboursement du client. Ça je le sais, et je n'ai aps besoin de formation pour l'intégrer autrement!
D'ailleurs ma directrice n'est pas dupe. Elle sait très bien que c'est un mauvais produit et qu'il faudrait éviter de le fourguer aux clients, mais face à la hiérarchie, elle ne peut pas avouer cette pensée. Elle est donc obligée de biaiser et ne pas être sincère dans sa démarche d'évaluation.
Finalement, c'est un jeu de dupes où le responsable de clientèle et le client sont les dindons de la farce...

Face à un client qui a des difficultés de trésorerie, proposer un revolving, c'est comme proposer un revolver à une personne suicidaire... Vous lui offrez la corde pour se pendre...
Et ça c'est une vérité profonde qui ne vous sera jamais enseignée en formation.

lundi 16 novembre 2009

Toujours plus pour beaucoup moins.

Bonjour,

Tout d'abord je souhaiterais m'excuser pour mon absence prolongée, mais les dernières semaines ont été très difficiles pour moi.
Normalement, dans l'agence nous sommes trois: le chargé d'accueil, le directeur d'agence et le responsable des particuliers. L'effectif comme vous le voyez est réduit à sa plus simple expression et lorsque l'un de nous est malade en formation ou en congé, nous devons assurer ses fonctions tout en poursuivant les nôtres. Ceci ne serait rien si la direction ne nous poussait pas à ouvrir de plus en plus de comptes (le fonds de commerce doit augmenter, que voulez vous c'est la loi du marché) tout en évitant de voir fuir l'ancienne clientèle. Par conséquent, nous avons de plus en plus de comptes pour un même nombre de collaborateurs en agence.

Cette semaine, ce fut néanmoins le pompon! Ma directrice était en congé, le chargé d'accueil qui était en période d'essai n'a pas été renouvelé. Bref, j'étais seule à l'agence pour gérer mes 800 comptes + les comptes de la directrice d'agence (clientèle privée et professionnelle).

Pour l'accueil des membres des autres agences venaient me dépanner au petit bonheur la chance au grès des effectifs disponibles. Mon N+2 dépassé par les évènements, a essayé de colmater les brèches tant bien que mal. Quelquefois, cela a donné lieu à des situations assez comiques et incongrues:

- Mon N+2: Je viens d'apprendre que personne ne viendra vous dépanner mardi. C'est un problème non?

- Moi: Ben oui assez surtout que nous sommes lundi. Vous arriverez à trouver quelqu'un la veille pour le lendemain? Moi je vous préviens je n'ouvre pas l'agence toute seule!

Mon N+2;: Non, évidemment. Ne vous emballez pas, on va trouver une solution. Je pensais vous envoyer notre stagiaire, il a deux semaines d'ancienneté à l'accueil mais ça pourrait aller non?

Moi: Super, donc, je vais devoir gérer plus de 1000 comptes toute seule et en plus je devrais former un jeune à l'accueil! Vous m'avez prise pour la femme orchestre! Enfin, je pense que ça vaut bien une augmentation tout ça non?

Mon N+2: Toujours le mot pour rire, hein! Je suis désolé, je sais que c'est difficile, mais je gère la pénurie autant que vous. Je sais ce que c'est, j'ai été en agence avant vous . Allez courage!

Et il a raccroché...

Toujours la même rengaine: vous n'êtes pas la seule à qui ça arrive, tout le monde est en sous effectif, c'est comme ça...

En fait, l'entreprise a banalisé totalement ce type de situation, plus personne ne réagit face à cet état de fait. Nous avançons résignés sachant très bien que si une grève se déclarait moins 20% des effectifs se mobiliserait...
Alors, nous avançons, le collier autour du cou et le mors aux dents, mais jusqu'à quand?

Est il normal qu'avec près de 10% de la population active au chômage, nous soyons autant en sous effectif? Comment offrir toujours plus au client (nouveaux produits, nouvelles assurances...) en étant toujours moins?

Je n'ai pas la réponse, mais peut-être que la direction l'aura t elle un jour... Qui sait?

En attendant je rentre tous les soirs exténuée et totalement abrutie par un travail qu'au demeurant j'apprécie profondément. En boucle, à demie ensommeillée j'écoute le Grand Jacques me répéter "Pourquoi ont ils tué Jaurés?".
C'est vrai ça, pourquoi??